Le lancement des RNTP 2025, c’est mardi prochain !
Pour vous faire patienter, Thierry MALLET, président de l’UTPF et organisateur de l’événement aux côtés du GART, s’est prêté au jeu des questions-réponses.
Lors de notre échange, Thierry MALLET est revenu sur ses attentes pour cette nouvelle édition des RNTP, la nécessité de faire des transports publics un véritable levier de cohésion sociale ainsi que sur les actions menées par l’UTPF, à travers son projet Transformeurs, pour renforcer l’attractivité des métiers du secteur.
En bonus, il nous a partagé sa recommandation littéraire pour voyager jusqu’à Orléans.
Récemment élu à la présidence de l’UTPF, quelles sont vos attentes pour cette édition 2025 des RNTP à Orléans ?
Les RNTP sont le rendez-vous majeur de notre secteur. C’est à la fois une vitrine de notre secteur et un lieu d’échange indispensable pour aborder collectivement les défis qui nous attendent.
Cette édition doit être l’opportunité de nous rassembler autour de notre conviction profonde : les transports publics et ferroviaires ne sont pas qu’une question de déplacements, ils constituent un instrument fort de cohésion sociale, indispensable pour réduire les disparités territoriales et construire une société plus inclusive.
Le Congrès GART-UTPF, qui réunira près d’un millier de participants autour du thème « Municipales 2026 : mieux connecter les territoires », est le lieu idéal pour partager nos réponses aux défis sociétaux. Prenons la transition démographique : la population vieillit, les baby-boomers cherchent à maintenir leur mobilité. Comment créer les conditions favorables à leur report modal vers les transports collectifs ? Autre priorité : la sécurité. C’est une attente très forte des usagers, comme l’indique notre Observatoire de la mobilité. Nous devons tout mettre en œuvre, notamment via la « Loi Tabarot », pour garantir que nos transports restent un espace de cohésion sociale où chacun peut se déplacer en toute sérénité.
Les RNTP sont aussi une tribune pour porter la voix de la profession. Nous devons rappeler l’impérieuse nécessité d’un choc d’offre massif des transports publics.
Ma conviction est claire : c’est par la cohésion sociale que nous réussirons la transition écologique. Connecter les territoires oubliés, permettre à chacun d’accéder à l’emploi et à la formation, c’est créer les conditions d’une société qui accepte et embrasse les transformations nécessaires.
Cette année, le Congrès des RNTP aura pour thème « Municipales 2026 : mieux connecter les territoires ». Comment le secteur s’organise pour répondre aux besoins de mobilité des citoyens ?
Ce thème est au cœur de notre mission : faire des transports publics un véritable levier de cohésion sociale. Mieux connecter les territoires, c’est d’abord un impératif de justice sociale. La réalité est là : 98 % des habitants des zones périurbaines et rurales utilisent leur voiture chaque jour, faute d’alternatives viables. Un quart des Français refuse un emploi ou une formation parce qu’ils ne peuvent s’y rendre. Ce sont ces territoires oubliés que nous devons reconnecter en priorité.
Nous devons penser les réseaux à l’échelle des bassins de vie, pour relier efficacement zones urbaines, périurbaines et rurales. C’est davantage en périphérie que se situe la source de croissance majeure. Les Français le confirment : notre Observatoire de la mobilité révèle que 9 Français sur 10 souhaitent que les transports en commun se développent. Ils reconnaissent massivement que nos services permettent à tous de se déplacer, améliorent la qualité de vie urbaine et créent des emplois sur le territoire.
Le secteur s’organise pour proposer une offre cohérente et accessible, en combinant tous les modes – bus, train, tram, car express, mobilité partagée – et en s’appuyant sur des solutions numériques qui simplifient le parcours des usagers.
Mais sans ressources pérennes, pas de choc d’offre possible. Nous portons plusieurs pistes : le déplafonnement du versement mobilité pour les territoires qui augmentent leur offre, une tarification adaptée qui concilie équilibre économique et justice sociale, la mobilisation des certificats d’économie d’énergie et des crédits carbone.
Pour relever les défis de la transition énergétique et numérique, notre secteur fait face à un besoin croissant de professionnels qualifiés. Comment l’UTPF se prépare à l’évolution de nos métiers ? On nous a parlé d’un projet Transformeurs…
Les transitions énergétique et numérique ne se feront pas sans nos collaborateurs. Comme nous le rappelons souvent : usagers-salariés des transports publics, même combat ! Le projet Transformeurs, que nous portons avec un large collectif de partenaires, incarne cette approche.
L’enjeu est considérable : nous estimons nos besoins à 100 000 recrutements d’ici 2030, avec entre 22 000 et 25 000 recrutements prévus dès 2026. Les métiers de la conduite – bus, métro, train – et de la maintenance restent particulièrement en tension, partout sur le territoire national.
Notre ambition est triple : susciter des vocations, orienter et former, puis fidéliser. Nous devons donner envie aux jeunes – et notamment aux jeunes filles – de rejoindre un secteur qui a du sens. Malgré nos efforts, les femmes ne représentent encore que 20 % des effectifs dans le transport urbain et 21 % dans le ferroviaire. C’est un fil rouge qui guide toutes nos actions : sensibiliser et susciter des vocations dès le plus jeune âge. Nos métiers sont locaux, non délocalisables, et directement au service de la cohésion sociale et territoriale.
Concrètement, nous agissons sur plusieurs fronts. Une convention avec l’Éducation nationale renforce les liens entre opérateurs et établissements scolaires. Nous créons des parcours de préqualification sur les métiers en tension, développons un Bac +1 dédié à la maintenance des transports, mettons en place de nouveaux titres professionnels pour la conduite de train, et structurons une cartographie nationale de l’offre de formation. Une campagne média et une plateforme de recrutement en lien avec France Travail seront déployées dès le premier semestre 2026.
Au-delà de la formation initiale, nous poursuivons la construction de la convention collective nationale ferroviaire et la refonte des classifications dans le transport urbain. Nous agissons concrètement sur la réduction de l’absentéisme par des actions de prévention et de lutte contre les incivilités. Les transports publics doivent rester un espace où nos personnels peuvent exercer leur mission en toute sérénité.
On termine sur une note personnelle, quel livre emmèneriez-vous pour voyager jusqu’à Orléans, en TER RÉMI ?
Pour le TER, je prendrais bien un tome de Blake et Mortimer : SOS Météores. Le dessin est superbe même génial – cela redonne l’ambiance de Paris et de ses embouteillages en 1958 (année de publication dans le journal Tintin). Cela se passe en Région Parisienne avec des cataclysmes météorologiques provoqués par l’Homme – en l’occurrence un savant « fou » – le professeur Miloch ! C’est le 8e album, placé entre deux autres de mes histoires préférées : l’Énigme de l’Atlantide et le Piège diabolique. Bonne lecture !