Aujourd’hui, on vous emmène à la rencontre de…
Anne-Céline IMBAUD-DE TROGOFF
Directrice exécutive du développement des transports territoriaux à la Société des grands projets
En 2022, Anne-Céline rejoint la Société des grands projets pour piloter les travaux relatifs à l’extension de compétence de l’établissement, au-delà de l’Île-de-France. Aujourd’hui, elle dirige une direction d’une cinquantaine de personnes dédiée aux SERM.
Comment la Société des grands projets concilie-t-elle ses missions historiques autour du Grand Paris Express avec ses nouvelles responsabilités liées aux SERM (Services express régionaux métropolitains) à l’échelle nationale ?
Les missions de la Société des grands projets sur les SERM n’auraient pas été possibles sans l’expérience et le savoir-faire acquis sur le Grand Paris Express. Elles en constituent donc la suite, en quelque sorte, et marquent la reconnaissance du travail qu’accomplit la Société des grands projets en Île-de-France. Pour concilier ces deux missions, depuis la loi du 27 décembre 2023, la Société des grands projets s’est organisée : je dirige une direction dédiée aux SERM composée d’une cinquantaine de collaborateurs. C’est bien sûr très peu par rapport aux équipes mobilisées sur le Grand Paris Express, mais nous nous appuyons sur l’ensemble des expertises présentes au sein de l’établissement.
Depuis deux ans maintenant, nous nous rendons dans les différentes régions pour travailler avec les porteurs des projets et l’ensemble des acteurs qui y contribuent et construire avec eux une offre améliorée de mobilité pour les déplacements du quotidien faisant consensus et répondant aux enjeux du territoire. Au sein de mon équipe, une partie des collaborateurs a déjà exercé des fonctions de pilotage de projet sur le Grand Paris Express et apporte sa précieuse expérience acquise sur ce projet dans différents domaines de compétences : management de projet, ingénierie technique, environnementale, des systèmes de transport et juridique, mais aussi des compétences en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire qui constituent un volet essentiel des projets de SERM sur lesquels nous sommes engagés.
Notre mission est toutefois bien distincte de notre rôle de maître d’ouvrage sur le Grand Paris Express et les financements le sont tout autant : sur les SERM, nous accompagnons les collectivités qui le souhaitent dans la définition d’une ambition de service multimodale et travaillons à mettre en place les fondements de cette amélioration progressive de l’offre, à court, moyen et long terme. Demain, après l’octroi du statut de SERM par le ministre des Transports, la Société des grands projets pourra revêtir de nouveaux rôles, de maître d’ouvrage, de financeur – en mobilisant son modèle de financement éprouvé sur le Grand Paris Express – et de coordonnateur. Nous nous y préparons dès maintenant.
Comment l’innovation, qu’elle soit technologique, environnementale ou en matière de gouvernance, guide-t-elle vos projets de mobilité et votre manière de travailler avec les territoires ?
L’innovation irrigue tous les pans de l’action de la Société des grands projets. C’est ce qui nous permet d’améliorer sans cesse nos propositions, nos méthodes et nos outils. Qu’il s’agisse effectivement de l’environnement, de la socio-économie, de la gouvernance ou des technologies, l’innovation nous permet d’améliorer les projets sur lesquels nous travaillons.
Les évaluations socio-économiques par exemple, obligatoires et cadrées légalement, sont des productions clés qui permettent d’évaluer et d’anticiper les effets attendus d’un projet. Au commencement du Grand Paris Express, nous avons décidé de faire évoluer les méthodologies pour aller plus loin, et les adapter à ce projet hors normes, en intégrant notamment les effets liés à l’aménagement du territoire. Aujourd’hui, sur les SERM, nous conduisons les études afin de prendre en compte les spécificités de ces projets de mobilité, qui recouvrent un périmètre géographique (au-delà des métropoles mais infrarégional) et fonctionnel (tous modes, du ferroviaire au vélo) inédit. Nous nous attachons aussi à faire évoluer les méthodes d’évaluation pour prendre en compte les évolutions des habitudes de déplacement et le rôle, par exemple, de facteurs comportementaux. Ces études nous permettent ainsi de concevoir des offres de service sur-mesure pour chaque territoire.
Sur le plan environnemental également, nous innovons quotidiennement sur le Grand Paris Express, avec nos partenaires, notamment en matière de travaux et de méthodes constructives. Bétons bas carbone et ultra bas carbone, rails bas carbone, valorisation et réutilisation des déblais, systèmes de récupération de l’énergie de freinage du futur matériel roulant… le Grand Paris Express est devenu un véritable terrain d’expérimentations pour les entreprises et le milieu de la recherche. Ces innovations pourront bénéficier à nos futurs projets, mais également à toute la filière de la construction. C’est l’ambition que nous portons à la Société des grands projets : nous souhaitons que les innovations qui font leur preuve soient partagées à l’ensemble des acteurs de la filière pour que les projets de demain soient plus vertueux pour l’environnement dès leur phase de conception.
Qu’est-ce qui vous a motivé à participer aux RNTP 2025 et quels types de partenariats ou d’opportunités espérez-vous y rencontrer ?
Que ce soit dans le cadre du Grand Paris Express ou des SERM, nous travaillons avec de très nombreux partenaires ! Qu’il s’agisse des collectivités territoriales, des bureaux d’étude, des agences d’urbanisme, des associations et fédérations professionnelles et d’usagers, des entreprises de la construction et des mobilités, d’autres établissements ou entreprises publics ou encore des exploitants, il est important pour nous d’avoir des moments de rencontre qui nous réunissent tous et qui nous permettent de montrer l’ampleur du travail réalisé, pour mieux préparer la suite. Ces rencontres sont donc pour nous l’occasion de partager notre vision, notre méthode, notre activité mais aussi de découvrir des nouveautés qui pourraient venir enrichir nos projets.
Diplômée de Sciences Po Paris et de l’INET (Institut national des études territoriales), Anne-Céline IMBAUD-DE TROGOFF a rejoint la Société des grands projets en 2022 pour piloter les travaux relatifs à l’extension de compétence de l’établissement, au-delà de l’Île-de-France, et devenir directrice exécutive du développement des transports territoriaux. Après un début de carrière en collectivité, elle est rapporteuse extérieure à la Cour des comptes, puis administratrice à la commission des Finances du Sénat. En 2020, elle est nommée conseillère auprès du ministre délégué chargé des comptes publics, sur les sujets territoriaux et de gouvernance des finances publiques.
