Zoom sur les navettes automatisées partagées !

Aujourd’hui, on vous emmène à la rencontre de…

Yann ARNAUD

Directeur Réponses Besoins Sociétaires et Innovation de la Macif et Président du Conseil d’orientation de la Communauté d’Intérêt Movin’On sur le Véhicule Automatisé

Chaque jour, Yann œuvre activement au déploiement de véhicules automatisés partagés, une solution d’avenir pour désenclaver les zones rurales et périurbaines, accélérer la transition écologique et faciliter la mobilité des habitants. À la clé : un meilleur accès à l’emploi, à l’éducation, à la santé, aux loisirs… et un tissu économique local dynamisé.

La Macif et sa Communauté d’Intérêt s’investissent dans la mobilité automatisée collective, notamment en milieu rural et périurbain. Quels sont les enjeux de vos expérimentations de véhicules autonomes partagés ? Pourriez-vous illustrer cela par un cas concret ?

Notre Communauté d’Intérêt dédiée au Véhicule Automatisé (la CIVA), forte de 12 entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs, s’engage pour une « Mobilité pour tous, autonomie pour tous via le véhicule automatisé partagé dans les territoires ruraux et périurbains ». Nos travaux se concentrent sur l’acceptabilité de ces nouveaux modes de transport et l’accompagnement des collectivités locales. L’ambition est de réussir une transition écologique et démographique sans créer de « mobilité à deux vitesses », une mobilité des villes versus une mobilité des champs : les alternatives à la voiture individuelle font en effet cruellement défaut en zones rurales et périurbaines. Nous avons souhaité réfléchir collectivement sur l’apport de l’automatisation des véhicules à ces besoins non couverts. Nous suivons tout particulièrement deux expérimentations de navettes automatisées :

  • RIMA (Réseau Inclusif de Mobilité Automatisée), un dispositif lauréat du programme France 2030 (BPI, PIA 4), qui a pour objectif la mise en service de navettes automatisées sur la commune de Crest et la Communauté de communes Val de Drôme, par un consortium regroupant beti, Macif, Navya et SVMS (filiale de VINCI Construction).
  • Le déploiement de deux navettes automatisées au cœur de la zone d’activité de Rovaltain, aux abords de la gare de Valence-TGV, un dispositif co-porté par beti, WeRide et Renault Group.


La Macif assure les navettes impliquées dans ces deux pilotes de service.

Quels sont les défis majeurs que vous avez identifiés concernant le déploiement et l’acceptation des véhicules automatisés ?

En matière de déploiement, nous avons pu observer que la technologie est mature et il est temps d’en saisir les bénéfices au service de la mobilité pour tous, partout. Comme nous le rappelons dans les travaux de la CIVA : la clé d’entrée doit être le service pour répondre aux besoins, le véhicule est presque secondaire. Toutefois, les acteurs de terrain (opérateurs de mobilité, élus locaux…) expriment un besoin de simplification des régimes d’autorisation pour les expérimentations. Les autorités organisatrices de mobilité doivent également être mieux accompagnées pour tester ce moyen de transport sur des périodes longues – au moins 3 mois consécutifs – afin de favoriser l’acceptabilité et les chances de pérenniser le service.

En matière d’acceptation, là où nous avons mené des expérimentations, nous constatons un engouement immédiat pour cette solution. L’essayer, c’est l’adopter ! Il convient néanmoins de continuer d’agir sur trois leviers essentiels :

  • Rassurer sur le retrait progressif de l’opérateur à bord.
  • Accompagner les changements de pratiques de mobilité : l’utilisation des transports publics n’est pas acquise pour tous. Il est essentiel de mettre en oeuvre des moyens simples pour accéder à l’information sur les dessertes, les horaires, les tarifs…
  • Veiller à avoir une communication très pédagogique en amont et autour de la mise en service de ce nouveau mode de transport : travailler collectivement à la désirabilité de ces solutions alternatives au « tout voiture » et à l’autosolisme.

À l’approche des RNTP 2025, quelle sera la contribution de la Macif sur le thème des véhicules automatisés, et quels sont vos objectifs majeurs pour cet événement ?

Nous souhaitons rappeler que l’écosystème français de la mobilité automatisée est opérationnel. Nous avons les opérateurs de transport capables d’exploiter des véhicules de tout type, de toute technologie et de tous constructeurs ; nous avons le cadre réglementaire.

Le modèle industriel ressemble probablement à une location de la navette par les territoires, une « NAAS » -« navette as a service »- et il faut inciter les acteurs du financement, publics mais surtout privés, à s’intéresser et à s’impliquer dans le sujet. Les territoires ne sont pas toujours riches mais ils sont solvables, ce qui limite fortement le risque pour un refinanceur qui souhaiterait acheter les navettes et percevoir un loyer mensuel tout au long de leur utilisation.

Par ailleurs, il reste nécessaire d’« aller vers » les territoires pour les informer sur les pré-requis et les enjeux du déploiement de navettes automatisées. Nous présenterons sur notre stand (n°12) un assistant virtuel qui pourra répondre aux questions en langage naturel, en s’appuyant notamment sur les travaux de la CIVA.

L’enjeu est d’accompagner les acteurs locaux pour développer la commande publique et créer un véritable marché au service des besoins de mobilité des habitants de tous les territoires. Le contexte est porteur : 2026 est une année d’élections municipales, le sujet de la mobilité devra être au cœur des débats. Elle est en effet un élément pivot pour la réussite de la transition écologique et démographique et la lutte contre les fractures territoriales.

Yann ARNAUD est Directeur Réponses Besoins Sociétaires et Innovation de la Macif et Président du Conseil d’orientation de la Communauté d’Intérêt Movin’On sur le Véhicule Automatisé. Cette Communauté d’Intérêt concentre ses travaux sur un modèle collectif de mobilité automatisée : le déploiement de navettes automatisées partagées, une solution d’avenir pour désenclaver les zones rurales et périurbaines, accélérer la transition écologique et faciliter la mobilité des populations pour un meilleur accès à l’emploi, à l’éducation, à la santé, aux loisirs…et dynamiser le tissu économique local.